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Sarah Kane Sarah Kan
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Sarah Kane: Dramaturgie de la Violence
CONCLUSION

 

Malgré la polémique qu'elle suscite en tant qu'auteur depuis ses débuts, Sarah Kane commence aujourd'hui à être considérée comme une dramaturge majeure du théâtre contemporain.

La violence qu'elle place sur scène représente finalement celle de la vie:

"Le théâtre, c'est l'endroit où ça fait mal... même quand ça rit. Ce que j'aime dans cette écriture, c'est la plaie, béante, qu'on ne peut cacher. Celle que la télévision chaque jour farde un peu plus." [ref 4-1]

L'humour n'est alors jamais en reste et la violence physique qui habite son œuvre est souvent métaphorique. Elle constitue une sorte de langage des corps aussi important que celui des mots. De plus, l'écriture de la dramaturge est également peuplée de moments de lyrisme intenses. En effet, on retient plus du théâtre de Sarah Kane, la poésie au service du thème de l'amour, que la torture physique subie par ses personnages:

"Kane mapped the darkest and the most unforgiving internal landscapes: landscapes of violation, of loneliness, of power, of mental collapse and, most consistently, the landscape of love." [ref 4-2]

Incisive, son écriture crée d'importants climats de tension à l'image de ce que vivent ses personnages. Elle brise les conventions, atomisant ses personnages jusqu'à n'en faire plus que des voix sans nom. Sarah Kane explore constamment les limites de la forme théâtrale. Par ce procédé, elle donne à son théâtre une dimension universelle. Il s'agit véritablement d'un théâtre des sens, qui fait directement écho chez le spectateur.

Inspirée par la Bible, elle l'a réécrit à sa manière, remettant ainsi en cause son interprétation. Son théâtre est nourrit du travail d'auteurs aussi riches et divers que Shakespeare, Beckett, ou encore Martin Crimp, Roland Barthes, et Camus, aussi bien sur le plan du fond que sur celui de la forme. On pense également à Antonin Artaud et au Théâtre de la Cruauté qui visait un théâtre des corps où tout serait sentit plutôt que d'être expliqué.

Le spectateur, connecté à la scène par les sens, se retrouve confronté à lui-même, et c'est précisément à cet endroit que réside la violence du théâtre de Sarah Kane:

"Elle a choisi de raconter des histoires au cœur même de la plaie, là où décidément cela fait mal, dans l'intime, loin du social, près de l'historique, celui qu'on ne voit pas parce qu'on l'a sous le nez." [ref 4-3]

L'auteur livre cinq pièces qui offrent au spectateur de nombreuses interprétations possibles, cédant ainsi place à la discussion et à la réflexion. C'est parce que son théâtre est intime qu'il faut le laisser faire écho en soi, sans chercher à le réduire en établissant des parallèles entre les pièces de Sarah Kane et sa vie:

"When people talk to me as a writer, that's what I am, and that's how I want my work to be judged - on its quality, not on the basis of my age, gender, class, sexuality or race." [ref 4-4]

A l'heure où les représentations des pièces de Sarah Kane se multiplient, il est également intéressant de mettre le doigt sur l'importance de redéfinir la représentation de la violence sur scène, afin de provoquer une réaction du public par rapport à ce qui se trouve derrière l'acte de violence. Sarah Kane explique:

"[...] The less naturalistic you show those things the more likely people are to be thinking what is the meaning of this act rather than 'fucking hell, how do they do that'!" [ref 4-5]

En effet, ce n'est pas vraiment l'acte de violence qui est intéressant mais plutôt la raison pour laquelle il a lieu. Si une d'atrocité est montrée de façon stylisée et symbolique, elle attire justement l'attention sur sa signification, plutôt que d'impressionner par le réalisme de sa représentation. Les horreurs se trouvent ainsi formalisées. L'auteur les confine dans une sorte de rituel pour garder une distance avec l'agonie physique de ses personnages. Ainsi, en écrivant comme elle le fait, Sarah Kane impose avec autorité une mise en scène aussi poétique et aussi pure que son écriture, radicalement opposée au naturalisme. Elle force les metteurs en scène à explorer les limites de leur imagination théâtrale, même si ceux-ci ne le font pas tous:

"Il faut que la curée ait lieu. Il faut attendre que les opportunistes de tous poils, nécrophages et faiseurs de réussite passent sur ton cadavre. Que le marché-roi se paye. Ils farderont, nettoieront ton théâtre. C'est la règle du jeu. Puis viendra le temps de ceux qui t'aimeront, là où il n'y a pas d'autres enjeux que le théâtre en lui-même, déjà de jeunes acteurs brûlent de jouer ton théâtre." [ref 4-6]

 

© Emilie Gouband 2002
reproduced on the site with the kind permission of the author

 

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